Blog de l'écopraticien

Choisir sa brosse à dents écoresponsable

by 2 février 2021

Dr Philippe MOOCK – Dentoscope n°231

Nous vous proposons quelques reflexions pour conseiller vos patients dans le choix d'une brosse écologique.

Par vos conseils d’hygiène bucco-dentaire, vous répondez aux interrogations de vos patients. L’évolution vers une consommation plus responsable de la société et de nos cabinets étant un enjeu de santé publique, nos choix se doivent d’être guidés aussi par des notions de santé environnementale.

Nous avons rencontré quelques acteurs français de ce domaine dont la démarche est en adéquation avec ces défis et vous proposons quelques réflexions afin d’éviter certaines fausses bonnes idées.

L’objectif est de proposer des alternatives au tout plastique, utilisateur d’éléments pétrolifères de première génération et de contribuer à la protection des ressources de la Planète. En effet, près de 200 millions de brosses (manuelles et électriques) vendues rien qu’en France chaque année n’est pas en conséquence. Recherchons la sobriété.

Le manche de la brosse à dents

Pour ses manches, Olivier Remoissonnet, co-dirigeant de Bioseptyl, dernier fabricant français de brosse à dents, “mise sur l’origine France Garantie en utilisant pour partie des coproduits n’interférant pas avec des filières existantes (coquille Saint-Jacques, coques de lin) qui seraient des déchets s’ils n’étaient pas utilisés”. D’autres manches sont aussi proposés en bois de hêtre déclassé issu de forêts françaises responsables. Ce dernier produit fait écho à l’effet “mode” des brosses en bambou toutes importées de continents lointains et à forte empreinte carbone de par le transport pour arriver dans votre salle de bains. Il n’existe pas de filière spécifique de recyclage du bambou en France. C’est une “vrai fausse bonne idée” selon nous pour une des stars des réseaux sociaux. D’autres distributeurs (Lamazuna, Caliquo) ont fait le choix de manches à 70% en plastique végétal issu du ricin, une plante qui (comme toutes les plantes) absorbe du carbone en poussant, mêlé à 30% de plastique brut. Biobrush (Allemagne) utilise un bioplastique à partir de la cellulose issue de restes de l’industrie du bois avec un design primé. Tepe (Suède), avec sa brosse Good, utilise 96% de bioplastique (ricin + sucre de cannes). Inava présente aussi une première brosse éco-conçue en hêtre suisse.

La tête et les poils

Deux types de têtes se trouvent sur le marché : les brosses en une pièce ou celles à têtes interchangeables limitant l’usage de matières premières qui vous permettent de changer uniquement la partie support des poils (la plus difficile à recycler).

Notre conseil

Il faut toujours privilégier le produit dont la forme de la tête correspond à l’utilisateur. Acheter durable ne signifie pas qu’on se désintéresse de l’efficacité de sa brosse. Donnons la priorité aux brosses éco-conçues avec des filaments éco-plastiques à base végétale, de dureté souple, qui tiennent compte d’une coupe et d’un poli adaptés selon les utilisateurs (adulte, enfant, orthodontie). Validez par vous-même, ou votre assistante, l’efficacité et le confort de la brosse ; l’essai est une nécessité pour conseiller ses patients car une photo n’est pas un test. De nombreux revendeurs “verts” proposent en effet des produits à critères écoresponsables mais à filaments peu adaptés sans avancée en matière d’hygiène bucco-dentaire.

L’emballage

Les emballages plastiques ont un impact important sur la pollution plastique de la Planète. Il est temps d’adopter des alternatives positives. Vendre des brosses en vrac étant impossible, certains producteurs ont choisi de remplacer le blister plastique par un étui carton responsable (PEFC) imprimé en encres végétales. Une vraie avancée durable !

La fin de vie de la brosse à dents

Les vieilles brosses à dents produiraient environ 1.200 tonnes de déchets en France, soit six fois plus en poids que les pailles. Il nous paraît primordial de s’intéresser aux démarches de traitement de fin de vie de la brosse. Le recyclage industriel des brosses est trop complexe à ce jour pour des raisons techniques et de coût 1 (car composées d’un mélange de matières). Près de 4 milliards de brosses au niveau planétaire finiraient encore annuellement dans les écosystèmes marins. Des démarches de récupération (Terracycle, Bioseptyl) ont vu le jour. Olivier Remoisonnet s’est engagé dans cette démarche vertueuse 2 : “Toutes les brosses à dents quel que soit leur type après récupération sont concernées : les produits de notre société sont revalorisés en protège-têtes de futures brosses, celles dont le plastique est “connu” sont revalorisées en pots de fleurs, et celles de productions” exotiques “terminent en revêtement routier. L’analyse du cycle de vie de nos produits est essentielle dans le développement de ceux-ci : un produit naît (est produit avec des ressources), vit (prévient caries et maladies parodontales), puis meurt (après plusieurs recyclages, c’est encore mieux)”. En ce qui concerne les brosse à dents électriques, avec un marché en plein boom, notons que celles-ci sont considérées au niveau du tri comme des objets électroniques. Sur le site de Citeo 3, en indiquant votre code postal, des consignes vous sont données.

1 : https://www.bioseptyl.fr/content/17-recyclage
2 : https://www.recycletabrosseadents.com/
3: https://www.consignesdetri.fr

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *